Que sont les Nootropiques ? Sont-ils réellement utiles ?

Si vous lisez ces lignes, il y a fort à parier que les nootropiques piquent votre curiosité. Et vous avez bien raison ! Il faut dire que les promesses adossées à ces produits sont plus que séduisantes. Qui n’a jamais rêvé de décupler ses capacités cognitives, dire adieu à ses trous de mémoire ou bien conserver une attention à toute épreuve, le tout grâce à la prise d’une simple gélule ? Je vous le donne en mille : personne.

Et c’est bien pour cela que les nootropiques ont le vent en poupe. Ces dernières années ont été les témoins d’un emballement général qui ne semble pas prêt de s’arrêter. Au niveau mondial, des instituts d’étude du marché lui promette un futur plus que radieux puisqu’on lui prévoit ni plus ni moins que 30 milliard de dollars à l’horizon 2028 (soit le triplement de son chiffre d’affaires actuel).

Il faut dire que les planètes s’alignent parfaitement pour ces produits. Le développement de la vente en ligne offre un accès à un nombre colossal de référence. Ceci couplé au nombre croissant d’étude scientifique ainsi qu’à l’intérêt de notre population pour le complément alimentaire.

Toutefois, attention à ne pas s’emballer face à ses produits qui promettent monts et merveilles. Derrière chaque concept, il faut savoir dissocier le scientifique du marketing. Dans cet article, nous faisons le point sur ce concept aussi fascinant que particulier.

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PUBLIÉ PAR HIFAS DA TERRA LE 10/02/2023

QU’EST-CE QUE LES NOOTROPIQUES ?

Les nootropiques, également appelés couramment “smart drugs” dans les revues anglophones, constituent un large groupe de composés. Le nom est la combinaison de deux mots grecs : nöos, qui signifie « esprit » et tropic, qui signifie « vers ». Etymologiquement, le mot « nootropique » qualifie donc quelque chose ayant trait au cerveau.

Les publications scientifiques, nombreuses, définissent les nootropiques comme étant des substances qui activent principalement les fonctions cognitives, telles que la mémoire et l’apprentissage, notamment dans des situations où ces fonctions sont altérées.

En France, notre dictionnaire Larousse lui prête une définition plus opaque et nébuleuse, en indiquant qu’un nootropique « stimule : la conscience, la pensée, les capacités cognitives humaines » mais qu’il s’agit d’un « terme assez flou » incluant « des suppléments alimentaires, médicaments, drogues, plantes et substances diverses. » Pour comprendre un peu mieux à quoi nous avons à faire, remontons le temps jusqu’à l’invention de ce terme.

LES NOOTROPIQUES : UNE IMPROBABLE DÉCOUVERTE

Restrospectivement, le terme “nootropique” est introduit pour la première fois par le neuropharmacologue Cornelius E. Giurgea en 1964. L’histoire de ce concept aux promesses atypiques est tout à fait remarquable, car né complètement par hasard.

C’est la conséquence de la découverte fortuite de propriétés noétiques et cognitives inattendues dans l’un des nombreux composés synthétisés par le chercheur.

A l’origine, Giurgea fut employé pour trouver une molécule aux propriétés sédatives ou induisant le sommeil. Il a donc porté son attention sur le GABA, qui est un neurotransmetteur connu pour ses effets calmants et reposants. Pour l’équipe, il semblait évident qu’en partant d’une molécule pareille, on ne pouvait que trouver des dérivés aux propriétés similaires. Giurgea et son équipe sont finalement parvenus à synthétiser un dérivé du GABA qui portera l’énigmatique nom de « Composé 6215 ».

NOOTROPIQUES

« L’Homme ne va pas attendre passivement des millions d’années pour que l’évolution lui offre un meilleur cerveau. » – Giurgea

Lors des tests cliniques qui suivirent, aucun effet sur le sommeil ne furent observés. En revanche, après 1 mois de traitement, les patients ont surprenamment vu leur mémoire s’améliorer ! Pour le constater, le protocole de recherche contenait – fort heureusement – un test de mémorisation et une durée suffisante pour observer des effets qui n’apparaissaient pas sur le court-terme !

Après cet épisode, Giurgea n’a eu de cesse de plaider pour l’acceptation d’une catégorie distincte de médicaments noétiques améliorant les fonctions cognitives : les nootropiques ! Ses travaux permettront par la suite de voir se commercialiser un médicament appelé le Nootropyl.

LES CARACTÉRISTIQUES D’UN NOOTROPIQUE ?

Après plusieurs années de recherche, notre inventeur publiera en 1977 un article qui définira un cadre pour toutes les substances qui peuvent être considérées comme disposant d’un profil nootropique :

(a) l’amélioration de l’acquisition des connaissances,

(b) une résistance aux agents perturbateurs physiques et chimiques,

(c) la facilitation du transfert de l’information,

(d) une résistance accrue aux “agressions” du cerveau,

(e) une augmentation du “contrôle” tonique, cortico-sous-cortical,

(f) l’absence des effets pharmacologiques habituels des médicaments neuropsychotropes.

À QUOI DOIT-ON LEURS EFFETS SUR NOTRE CERVEAU ?

Comme l’indique le dernier point, les nootropiques n’agissent pas directement en libérant des neurotransmetteurs ou en tant que ligands des récepteurs comme peuvent le faire les psychotropes. Ce qui était contre-intuitif pour l’époque, de l’aveux de Giurgea lui-même.

En effet, leurs effets sont imputables à des mécanismes métaboliques. Pour cela, ils doivent être capables de pénétrer la barrière hémato-encéphalique pour améliorer le métabolisme cérébral et une utilisation à long terme est nécessaire pour obtenir des changements stables. Une revue de littérature de 2022 en citent quelques-uns :

  • Neuroprotection : protection des tissus cérébraux de la neurotoxicité.
  • Aide au métabolisme :
    • effets positifs sur la synthèse des protéines neuronales et des acides nucléiques, stimulation du métabolisme des phospholipides.
    • amélioration de l’approvisionnement du cerveau en glucose et en oxygène,
  • Antioxydant : élimination des radicaux libres de l’oxygène avec des effets anti-agrégants et d’amélioration de la plasticité des érythrocytes.

DES NOOTROPIQUES DANS LES SUBSTANCES NATURELLES ?

Nous venons de le voir, l’histoire des nootropiques appartiennent à l’origine à l’univers de la chimie de synthèse. Aucune mention explicite à la médecine naturelle n’est faite dans les travaux de son créateur Giurgea.

Et pourtant, la définition aujourd’hui couramment admise s’est élargie en incluant plantes, champignons et d’autres substances naturelles. Avec l’essor de la biochimie, les plantes et les champignons sont devenus un véritable vivier de molécules bioactives potentiellement bénéfiques. Ainsi, de grandes familles de molécules de plantes et champignons comme les terpènoïdes, les bêta-glucanes, les alcaloïdes ou les polyphénols etc. sont devenus des sujets d’étude privilégiées.

LA MÉDECINE TRADITIONNELLE COMME BOUSSOLE

Comme nous aimons à le dire chez Hifas da Terra, la médecine traditionnelle est une science ancestrale d’avenir à ne pas négliger.

En effet, plusieurs espèces de plantes et champignons ont été sélectionnées pour être testées en tant qu’agents nootropiques en raison de leur utilisation en médecine traditionnelle. Il est d’ailleurs toujours extraordinaire de constater que lorsque la recherche moderne s’intéresse aux usages traditionnels, de belles avancées peuvent en découler.

Ainsi, le corpus médical traditionnel sur la médecine ayurvédique (daté de 6 000 ans avant notre ère) cite par exemple l’Ashwagandha pour améliorer la mémoire. De même, l’utilisation de produits naturels comme le champignon Crinière de lion (Hericium erinaceus) ou le Reishi (Ganoderma lucidum) en médecine traditionnelle chinoise (MTC) pour améliorer la fonction cognitive et traiter les manifestations naissantes du déclin cognitif ont été documentées dans des manuscrits retrouvés qui remontent à près de 5 000 ans. L’utilisation de nootropiques naturels était également vénérée dans les anciens traités médicaux d’Arabie, d’Égypte et de Sumérie, pour ne citer que quelques précédents historiques.

HERICIUM ERINACEUS : UN POTENTIEL NOOTROPIQUE ?

En tant qu’Expert en Mycothérapie et biotechnologie, nous menons nos propres études, l’une d’entre elles concernent d’ailleurs l’activité nootropique des champignons médicinaux. La Crinière de Lion (Hericium erinaceus) fait partie des champignons médicinaux étudiés pour son effet nootropique potentiel.

Pour quelle raison ? l’Hericium erinaceus révèle avoir des effets protecteurs sur les réseaux de neurones. Ce champignon, encore récemment cité par Le Monde pour ses bienfaits, contient divers composés chimiques d’intérêt tels que l’héricénone ou l’érinacine. In vitro, on lui prête des effets sur la régénération des tissus cérébraux, ce qui aide à améliorer les fonctions cognitives.

Pour illustrer cette capacité nootropique, un essai randomisé a comparé l’apport en Hericium erinaceus, à un placebo dans le soin des troubles cognitifs de la personne âgée. Il démontre une amélioration des performances cognitives avec des résultats significatifs après examen de l’état mental, au test d’apprentissage verbal et à celui de la rétention visuelle.

Hericium erinaceus hifas da terra

A QUOI PRÊTER ATTENTION LORS DE SON CHOIX ?

On ne le répètera jamais assez, il est nécessaire de se procurer vos compléments chez des entreprises de confiance. Privilégiez les laboratoires qui appliquent des extractions pertinentes afin de garantir la disponibilité en actifs. Ces étapes réclament de la technique et du savoir-faire.

Les extraits concentrés standardisés sont l’assurance d’obtenir les composés désirés tant quantitativement que qualitativement. Chez Hifas da Terra, nous mettons un point d’honneur a indiquer clairement la composition en molécules bioactives de nos produits.

La durée des accompagnements est aussi un point auquel il convient de prêter attention. Les études scientifiques ont constaté que la plupart de ces substances n’ont pas d’effet immédiat après une seule prise et doivent donc être utilisées pendant un certain temps avant que l’on constate une amélioration mesurable.

LES NOOTROPIQUES : ON Y VA OU PAS ?

Finalement, est-ce que ça marche ? Avons-nous le pouvoir de booster nos capacités cérébrales à portée de main ? Pas si sûr. Les nootropiques, bien que passionnants à bien des égards, sont des produits dont l’usage est à relativiser.

D’abord car aucune étude ne soutient d’effets sur le volet préventif. Il n’existe en effet pas d’étude montrant un bénéfice quelconque d’une supplémentation en nootropique chez les étudiants par exemple. Même si l’absence d’étude ne signifie pas l’absence d’effet, nous vous recommandons de ne pas prendre pour argent comptant tout ce qu’un produit peut vous raconter. Parmi la pléthore de produit disponible sur le marché, finalement peu se révèlent intéressant sur le plan scientifique.

En revanche, certains composés parviennent tout de même à s’extirper de la mêlée et peuvent se révéler pertinents pour compenser une perte de fonction cognitive. C’est sur ceux-là que notre attention doit se porter. Pour s’en assurer, d’autres études doivent toutefois s’ajouter à celles existantes. Une chose reste néanmoins sûr : les nootropiques n’ont pas fini de faire parler d’eux.

Références